Il n’est pas facile pour un parent de maintenir un climat émotionnel sain au sein de son foyer, surtout lorsque des personnalités fortes cohabitent, ou pire, lorsque la situation conjugale est tendue. Il est normal que des disputes se produisent entre conjoints, mais il y a des limites à ne pas franchir. Il est donc important de savoir maîtriser sa colère et d’éviter les crises devant ses enfants.
Les disputes, bien que normales et compréhensibles, peuvent être effrayantes pour les enfants qui n’ont pas la capacité d’analyser nos comportements ou de comprendre notre détresse. Aux yeux de leurs enfants, les parents sont les adultes, ceux qui ont réponse à tout… les voir si en colère peut déclencher fragilité et sentiment de culpabilité, voire des réactions d’opposition.
Conflit conjugal en présence de mineurs
Les effets négatifs de la violence domestique sur le développement des enfants sont bien trop sous-estimés. Il n’est pas question de violence physique, mais plutôt des disputes violentes auxquelles les enfants sont souvent confrontés, victimes passives, incapables de s’enfuir.
Malheureusement, l’idée fausse selon laquelle la violence nuit principalement à la personne qu’elle vise, et non à ceux qui en sont témoins, a toujours existé. Le plus inquiétant est que, trop souvent, les parents eux-mêmes sous-estiment les conséquences néfastes de leur comportement sur leurs enfants.
Comment vit l'enfant de parents qui se disputent ?
Un enfant qui grandit dans un climat de colère et de tension est souvent oublié ou exploité, car les parents sont trop absorbés par eux-mêmes, par leurs propres problèmes et par la tentative de déterminer qui a raison et qui est bon (et qui est mauvais) dans le couple pour apprécier les problèmes de leur enfant, qu’ils soient physiologiques dus à son âge ou induits par la tension à la maison.

Les effets des conflits conjugaux sur les enfants
Lorsque les enfants et les adolescents sont témoins de maltraitance et de violence entre leurs parents, ils éprouvent une peur profonde, la terreur de perdre ceux qui leur sont les plus chers, comme s’ils étaient constamment confrontés à une mort potentielle. Cette situation engendre toujours une profonde instabilité, même lorsqu’ils ne semblent pas présenter de problèmes évidents, une douleur et une souffrance psychologiques se déchaînent et les marqueront à vie.
Évidemment, les effets varient selon l’âge. Par exemple, les nouveau-nés ne sont pas conscients de la dispute, mais ils perçoivent l’atmosphère pesante et difficile qui règne à la maison. De même, les enfants d’âge scolaire jusqu’à 10 ans, sans comprendre la cause des disputes, ressentent l’angoisse et perçoivent le problème.
Les disputes violentes entre couples devant leurs enfants peuvent entraîner le développement de troubles psychopathologiques, tels qu’anxiété généralisée, crises de panique, troubles de l’humeur, phobies et bien d’autres problèmes. À l’adolescence ou à la préadolescence, la situation devient encore plus difficile, car à ce stade, les enfants ont tendance à prendre le parti d’un seul parent.
Comment un enfant peut-il réagir aux disputes constantes de ses parents ?
Il peut arriver que l’enfant, pour attirer l’attention, réagisse de deux manières diamétralement opposées :
1. Il crée des problèmes majeurs à l’extérieur du foyer (mauvais comportement à l’école, vandalisme, consommation de drogue) afin de forcer ses parents à s’occuper de lui, à le « voir », à se rendre compte qu’il ne va pas bien, mais parfois aussi pour le punir de ne pas pouvoir les aider (les enfants se sentent souvent responsables du bien-être de leurs parents et cultivent l’illusion omnipotente de pouvoir un jour les aider à résoudre leurs problèmes).
2. Trop souvent, pour éviter de créer des problèmes ou des soucis supplémentaires aux parents, il se comporte bien et joue un rôle spécifique. Il fait de son mieux pour obtenir d’excellents résultats à l’école, au sport ou dans d’autres domaines. Son seul but est d’être aimé et accepté, et donc « vu » sous un jour positif. Cela ne fait souvent que rassurer les parents sur le fait qu’il n’a aucun problème, et il est encore moins « vu » que ceux qui créent des problèmes pour attirer l’attention.

Quels dommages subit au fil du temps un enfant qui grandit avec des parents querelleurs ?
De nombreux facteurs sont à prendre en compte : le tempérament de l’enfant, sa répétitivité, sa gravité, ses ressources internes et la présence d’autres facteurs stressants ou événements de la vie. Quoi qu’il en soit, les dommages touchent indéniablement plusieurs domaines :
Sur le plan personnel : n’ayant pas eu l’occasion de bénéficier d’un environnement paisible et de l’attention nécessaire, l’enfant aura donc accumulé une colère considérable et un sentiment d’impuissance, une faible estime de soi, des difficultés relationnelles avec les autres, un sentiment de différence et de malheur.
Sur le plan relationnel : ceux qui ont un caractère introverti chercheront à éviter les conflits par tous les moyens, devenant des personnes faibles qui supportent tout juste pour éviter les disputes, ceux qui ont un caractère extraverti deviendront des adultes agressifs, qui essaieront par tous les moyens de s’imposer sans tenir compte du point de vue des autres (comme ils ont appris à le faire à la maison).
Au niveau relationnel/conjugal : ils se sentiront découragés de trouver un partenaire avec lequel créer un couple et une famille heureux, et seront donc amenés à choisir des personnes problématiques avec lesquelles reproduire la même dynamique, ou à choisir des partenaires impossibles parce qu’ils ne sont pas libres ou intéressés.
Sur le plan relationnel/parental : l’enfant, une fois devenu père (ou mère), aura tendance, comme dans tous les cas, à reproduire les erreurs du parent homologue (du même sexe) et donc à être inadéquat, ou cherchera à ne pas ressembler à ses parents et commettra de bonne foi les erreurs inverses.
Sur le plan de la santé mentale : vivre constamment dans un état de colère mêlé de peur et d’impuissance peut entraîner de l’anxiété, des troubles obsessionnels compulsifs, de la dépression, de la boulimie, de la toxicomanie, des troubles des conduites et des troubles de la personnalité, dont les caractéristiques varient selon l’âge.
Rester ensemble pour les enfants
En réalité, les parents qui restent ensemble « pour leurs enfants », outre le fait de ne pas les séparer et d’alimenter les tensions, ne contribuent pas à garantir un environnement paisible et une attention adéquate à leurs enfants. Ils les laissent plutôt vivre au milieu des disputes et des tensions, leur disant que tout cela est pour eux.
Il va sans dire que l’expérience enseigne qu’un enfant qui vit cela fera tout pour voir ses parents se séparer. Cette excuse, souvent utilisée par ceux qui ne peuvent se séparer ou ne veulent pas le faire, dévaste l’enfant, qui développe un fort sentiment de culpabilité envers ses parents.

Si la relation est basée sur des disputes, est-il préférable de se séparer ?
Il n’existe pas de solution universelle, mais ce qui compte pour un enfant, c’est l’affection, une atmosphère calme et la clarté. Les couples qui se disputent ne parviennent pas à offrir véritablement ces trois éléments, mais créent plutôt une situation confuse, ambiguë et conflictuelle, centrée sur le conflit parental, où l’enfant est relégué au second plan ou instrumentalisé par l’un des parents contre l’autre.
Quiconque croit sincèrement que rester ensemble est dans l’intérêt supérieur de ses enfants peut oublier cela, à moins de masquer le conflit et de leur offrir un modèle de coexistence suffisamment « civilisé » malgré la présence de conflits importants.